Quand le geste devient paysage

Daniel Lacomme

A propos de Serge Saunière
Exposition de groupe à l’École Estienne – Paris 2002

Aujourd’hui, un héritage commun venu de l’abstraction lyrique (milieu du XXème siècle), venu d’une utilisation nouvelle du matériau, et d’autre part une fascination renouvelée de l’art de l’Extrême Orient dans sa conception de l’espace et du temps.

Intériorisée par toute une esthétique du regard, a conduit un certain nombre d’artistes à un rapport différent au support, une démarche plus rigoureuse, une affirmation de sa propre sensibilité investie plus délibérément au niveau de l’acte plastique.

Trois artistes contemporains dont une partie significative de l’œuvre s’applique au papier – de ceux du collage et du marouflage, jusqu’à ceux de l’estampe et du livre – illustrent dans cette exposition cette attitude originale, à la fois abstraite dans son langage elliptique et paysagiste dans sa conception profonde de l’espace.

Rigueur du langage et de la technique, complicité avec une poésie lyrique nourrie de regards vers la nature, invention dans le rapport au texte, resserrement en un geste initial fondateur d’une forme claire et lisible, ambiguïté entre un espace frontal et un espace perspectif, enrichissement de l’intérieur par la maturation de la forme, modélisation de sa propre subjectivité, sont quelques unes des préoccupations communes à Christiane Vielle, Serge Saunière, Daniel Lacomme.

Un geste qui devient paysage est un geste qui doit contenir dans sa spontanéité la richesse et la complexité de l’espace naturel.
Le geste devient alors trace.

Sans qu’en soit exclu un certain rôle du hasard, ni l’acceptation de découvrir soi-même en chemin, les enjeux et les aboutissants de sa propre réalisation.
On devient quelque part ce que l’on a fait. « Le chemin, a dit Machado, se fait en marchant. »